Interview.
Michel Langa: " L'heure est à la reconstruction de la République
centrafricaine"
Samedi
14 Août 2021 - 14:15
À
l’occasion du soixante-et-unième anniversaire de l’indépendance de la
République centrafricaine, le 13 août, l’association les "Amis de
la République centrafricaine (A.R.C.)" a organisé un point de
réflexion sur le contexte actuel du pays, marqué par le coronavirus et la
persistance des violences commises par les groupes armés. En respect de la jauge
sanitaire, Me Michel Langa, président de l’association, a répondu aux questions
de la presse en fin de journée.
Les
Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : De
Paris, comment avez-vous vécu la journée de l’indépendance de votre
pays ?
Michel
Langa (M.L.) :
Nous sommes pour l’option de la date du 13 août, au lieu du
1er décembre, celle de la proclamation de la République. C’est
une joie immense de commémorer cette journée de la liberté retrouvée, de la fin
des travaux forcés. Nous avons organisé une réunion en visioconférence sur les
61 ans de l’indépendance de notre pays. Les débats étaient très riches et
denses, je peux vous citer les thèmes abordés, tels que l’indépendance et le
progrès humain ; Barthélémy Boganda, esquisse d’une vie… ou
l’historique des régimes politiques centrafricains depuis l’indépendance. Depuis
plusieurs années, notre grand bonheur est d’offrir un cadre où les
centrafricaines et centrafricains de différents horizons et de diverses
sensibilités peuvent s’exprimer librement. C’est un rendez-vous du donner et du
recevoir selon le vocable « senghorien ». L’ARC a apporté sa touche à
la construction de la maison République centrafricaine.
L.D.B. : À
ce propos, 61 ans après l’indépendance , quel regard portez-vous sur l’avenir de
votre pays ?
M.L. :
C’est un regard résolument optimiste. Le pays revient de loin. Après sa
libération, l’heure est à la reconstruction de la République centrafricaine et
chacun a sa place dans cette œuvre. Comptons sur nous-mêmes avant de compter sur
la communauté internationale en nous mettant au travail pour l’amélioration des
conditions matérielles et sociales du peuple centrafricain. Sans être
indicatifs, soutenons nos autorités dans le combat mené pour mettre dehors les
groupés armés ; la justice doit faire son travail pour honorer les
victimes.
Nous
sommes pour la réconciliation nationale mais les bourreaux doivent répondre de
leurs actes, ils doivent les reconnaître et demander pardon aux victimes à
l’exemple de l’Afrique du Sud.
L.D.B. : Regrettez-vous
de ne pas en avoir fait suffisamment lors de la campagne de l’élection
présidentielle de l’année dernière ?
M.L. :
Non . Nous avions souhaité, selon la volonté populaire, que les élections soient
organisées dans un contexte apaisé et sécurisé avec la participation de tous les
candidats retenus par les organes chargés des élections mais cette option n’a
pas été retenue.
Aujourd’hui,
les élections ont eu lieu et la Cour constitutionnelle a proclamé les résultats.
Aucun recours n’est plus possible. le président Faustin Archange Touadera a
prêté serment et a été reconnu par la communauté internationale ;
tournons-nous à présent vers l’avenir de notre pays. Soutenons le président de
la République, pour la réalisation de son projet de société pour le bien-être du
peuple centrafricain.
Avec
l’appui des forces russes et rwandaises, il a déjà récupéré les 90% du
territoire national qui étaient entre les mains des groupes armés. Il va
organiser un dialogue républicain. Nous sommes d’accord sur le principe et il a
notre soutien, mais c’est le format proposé qui fait débat. Nous aimerions un
dialogue républicain inclusif avec toutes les filles et fils du pays sur le sol
centrafricain pour apaiser les cœurs des victimes de cette barbarie. Il a
souhaité la contribution de la diaspora centrafricaine, les ARC ne manqueront
pas ce rendez-vous. Une contribution sera envoyée avec nos
propositions.
L.D.B. : Ne
craignez-vous pas que les actions et propositions de votre association soient
menées en vain ?
M.L. :
Non, nous travaillons dans la continuité de toute une vie, nos actions visent à
sensibiliser la communauté internationale et nos propositions sont établies pour
nos autorités. Elles ont la légitimité de faire le choix dans l’intérêt du
peuple centrafricain.
L.D.B.: Les
tentatives de conciliations impliquent les pays voisins. Quel est le rôle
attendez-vous du Congo Brazzaville avec l’arrivée du Premier ministre Anatole
Collinet Makosso ?
M.L. :
Je tiens à renouveler mes félicitations au Premier ministre, Anatole Collinet
Makosso, qui a eu la confiance du président de la République du Congo, Denis
Sassou N’Guesso pour appliquer sa politique. Il a déjà présenté un programme
ambitieux à l’Assemblée nationale et obtenu la confiance des députés. Je lui
souhaite bon vent dans ses nouvelles fonctions pour le bonheur du peuple frère
et ami congolais.
En
Centrafrique, le président de la République, Faustin Archange Touadera, a nommé
un nouveau Premier ministre, Henri-Marie Dondra, de la même génération que celui
du Congo- Brazzaville. De concert, ils peuvent faire avancer la cause de la paix
dans la sous-région. Je peux aussi vous confirmer que le nouveau Premier
ministre congolais est un membre bienfaiteur de notre association. Sans en faire
état, il a précédemment toujours soutenu la cause centrafricaine. Je fais
confiance aux deux Premiers ministres pour une politique pragmatique de bon
voisinage. Il leur revient d’œuvrer dans ce sens pour le bien-être des deux
pays.
Propos
recueillis par Marie Alfred Ngoma
Photo
: Me Michel Langa, président de l'ARC Crédit photo : Marie Alfred
Ngoma
Cf. :
- https://www.adiac-congo.com/content/interview-michel-langa-lheure-est-la-reconstruction-de-la-republique-centrafricaine-129596
- Les
Dépêches de Brazzaville, N°4059 – lundi 16 août 2021, p
11.